C’est au cours d'une récente fin de semaine d’escapade que j’ai visité le Musée National des beaux arts du Québec. Je n’avais pourtant pas une grande attente face à l’exposition temporaire qu’on y présente en ce moment : La Peinture à l’époque de la reine Victoria, mais voilà que je fus tout à fait impressionnée. L’exposition nous plonge autour des années 1880 et évoque des scènes de la vie urbaine des classes bourgeoises, ouvrières ou paysannes, des épisodes historiques, des paysages et scènes animalières un peu comme un reportage d’époque. On gagne à s’enquérir des informations fournies par l’audioguide pour enrichir notre visite. Sans ces suppléments d’informations je n’aurais sans doute pas autant apprécié le tableau qui annonce l’exposition dans toutes les publicités, où l’on voit deux enfants au regard apeuré. Il s’agit en fait de frères, tous les deux princes, enfermés dans la tour de Londres attendant d’être assassinés. Troublant. Il est troublant et émouvant qu’aujourd’hui, la trace de ces deux jeunes victimes donne lieu à une œuvre d’art reconnue et reproduite dans tous les formats et sur tous les média pour vendre une exposition.


J’ai poursuivi ma visite pour parcourir les collections du musée. Je ne me souvenais pas qu’on puisse y voir une œuvre monumentale d’un de nos grands peintres québécois. C’est donc comme dans une collision que je suis entrée en contact avec l’Hommage à Rosa Luxemburg de Jean-Paul Riopelle. L’œuvre fut réalisée à la suite du décès de sa compagne de vie, la peintre Joanne Mitchell. Cette série de tableaux juxtaposés, tel un message codé à la manière des lettres qu’écrivait la révolutionnaire Rosa Luxemburg en prison (1), est d’une puissance colossale. Je l’ai reçu comme un coup d’émoi qui me fit jaillir des larmes.
Bien au dessus des mots, la peinture traduit le langage de l’âme.
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